Introduction Depuis plusieurs années, voire décennies, une nouvelle contrainte s’impose à l’avenir de l’humanité.

Cette contrainte n’est autre que l’automatisation qui aura un impact sans précédent sur nos vies et sur la société telle que nous la connaissons. Mais comment réagir et s’adapter face à cette révolution numérique ? Comment construire dans un monde composé d’automates ? En d’autres mots, comment adapter ce que nous créons pour qu’elles s’intègrent dans un monde partagé par les êtres humains et l’intelligence artificielle ? C’est que ce Kate O’Neill nous explique dans sa conférence en 2018, à Orlando.

Kate O’Neill lors d’une convention
Kate O’Neill lors de la conférence sur le Tech Humanism.

Kate O’Neill, une auteure conférencière.

Kate O’Neill est une auteure réputée qui, avec plus de 20 ans d’expérience dans de nombreux domaines tels que la technologie et le marketing, possède désormais sa propre entreprise vouée à améliorer les expériences humaines.

Pixels and Place livre Tech Humanism livre
Elle est également auteur de certains livres sur le sujet, tels que “ Pixels and Places ” , ou encore “ Tech Humanism : How You can make Technology Better for Business and Better for Humans ” , paru en septembre 2018.

1.0  La place de L’humain dans le processus d’automatisation de la société

1.1 l’humain en quête de sens ?

Avant de comprendre l’impact que l’automatisation va avoir sur notre société, il faut déterminer ce qui définit un être humain.

Certain.e.s pourraient nous caractériser par l’empathie ou l’amour que nous pouvons éprouver ou de la créativité, ou encore par notre capacité à résoudre des problèmes, mais, selon la conférencière, l’être humain se défini par sa volonté à vouloir trouver du sens et de s’y accrocher et ce, allant de l’échelle sémantique jusqu’à l’échelle existentielle (« Qui sommes-nous, d’où venons-nous ? »), voire cosmique.

1.2 L’automate en réponse aux tâches rébarbatives ?

De l’autre côté se trouvent les automates, les robots, qui sont construits afin de nous remplacer au profit d’un rendement plus efficace et plus rapide. Les métiers les plus visés par l’automatisation sont les métiers aux tâches les plus rébarbatives, c’est-à-dire les métiers intermédiaires qui ne nécessitent uniquement la présence d’un être humain afin d’accomplir une tâche en boucle sans avoir à réfléchir (par exemple les caissières, les mécaniciens qui assemblent des pièces de voiture, les guichetiers, etc).

automatisation charlie chocolaterie
Une scène de Charlie et la Chocolaterie décrivant l’automatisation.

1.3 « L’automatisation creuse les inégalités si elle n’est pas réfléchie » 

Cela va avoir un profond impact sur la condition de vie humaine en elle-même puisque ces métiers sont plus exercés par les minorités comme les personnes de couleur ou les personnes pauvres et les automatiser ne va qu’accentuer la paupérisation et faire pencher la balance davantage en défaveur de ces minorités.

« Pour créer des expériences humaines plus significatives, nous devons concevoir une expérience humaine plus intégrée. » 

2.0  L’humain au centre du processus de création d’expérience

2.1 C’est la raison pour laquelle il faut accepter cette évolution inévitable et, dès à présent, bâtir un monde qui comprend ces changements tout en gardant l’être humain en tête de liste.

Pour cela, nous devons commencer par adopter un point de vue holistique et considérer le public visé non pas comme des clients, des patients ou des utilisateurs, mais plutôt comme des êtres humains. En outre, il s’agit bien évidemment de construire des expériences qui bénéficieront à un maximum de personnes possible.

Mettons un peu de lumière sur ce que signifie véritablement l’expérience humaine : il s’agit de la connexion entre le monde numérique et le monde physique, là où se trouvent nos données qui fusionnent ces deux mondes différents.

« Le monde physique et le monde numérique se connectent, cette connexion passe par nous à travers notre expérience humaine. » 

2.2 « la quête du profit, un obstacle à l’idéal de l’automatisation ?»

Ensuite, rentre en jeu une nouvelle variable, intitulée « l’intégration » . Il s’agit là de la rencontre entre deux opposés qui sont reliés de manière intrinsèque, notamment le bénéfice que peut faire une entreprise et l’expérience humaine.

Diagramme intégration
Un diagramme de Venn représentant le concept d’intégration.

Par exemple, « Comment améliorer le revenu de notre entreprise via une stratégie basée sur l’automatisation ? » et « Comment améliorer les expériences et les rendre plus sensées, compréhensibles au travers des données et de l’information ? », qui peuvent s’intégrer par « Peut-on améliorer le bénéfice de l’entreprise en créant des expériences pourvues de sens qui sont favorables au public visé ? ». À cette question la réponse est oui, car plus une expérience est compréhensible, sensée, plus elle rapportera de profit, ainsi qu’une augmentation de la fidélité du public et une diminution de l’attrition.

On peut également parler d’intégration lorsque l’on parle d’expérience hors-ligne et en ligne, puisqu’ils sont tous deux différents l’un de l’autre mais toutefois reliés.

« la conception des expériences en ligne recoupe régulièrement la conception des expériences hors ligne. »

2.3  « L’expérience humaine dépend plus de la forme plutôt que de la nature d’un produit. »

Il existe toutefois un certain clivage au sein de l’expérience humaine, où d’un côté se trouve la nature de l’expérience, qui reste relativement constante au fil du temps, et de l’autre côté la forme de l’expérience, qui ne fait qu’évoluer.

Nature VS Forme
La différence entre la forme et la nature, exprimée dans les slides de Kate.

Prenons comme exemple la manière dont est vendue une bouteille d’eau : le besoin vital de boire de l’eau n’a pas changé depuis l’apparition de l’être humain, mais la manière dont elle est proposée varie en fonction de son temps, que ce soit dans une bouteille avec un petit imprimé minimaliste dessus, ou dans une gourde de sport,  etc.

3.0  « L’automatisation du traitement des données »

3.1 Il faut automatiser la partie sensée de l’expérience.

Afin de créer des expériences humaines qui bénéficient les entreprises qui cherchent à automatiser le marché/la société/le business, il existe une série de différentes stratégies à adopter :

Il faut s’assurer en premier que ce qui est automatisé à un certain degré de valeur humaine afin de maintenir un sentiment de connexion avec ces automates.

Nous pouvons prendre l’exemple de Disneyland où ils ont investi un milliard de dollars dans le développement d’un bracelet électronique. Ce bracelet offre une expérience magique aux clients du parc, en leur facilitant l’accès aux différents manèges. Cependant ce bracelet à aussi un but stratégique, en récoltant les données des utilisateurs.

MagicBand de Disney
Le eShop Disney où acheter les MagicBands.

3.2 « Le sens joue un rôle critique dans la construction d’expériences humaines. »

Le sens, que nous avons mentionné de nombreuses fois, joue évidemment un rôle critique dans la construction d’expériences humaines : celui-ci ne doit pas céder la place à l’absurdité et en aucun cas laisser cette dernière grandir et s’accaparer de la place au sein de l’expérience.

Magasin AmazonGo
La façade d’un magasin Amazon Go.

Prenons l’exemple des magasins Amazon™ Go, chaîne de magasins qui tend à s’élargir et qui propose à sa clientèle une nouvelle manière de faire ses courses : il suffit simplement d’installer une application sur son smartphone, de se rendre dans ce magasin et d’en ressortir avec les articles dans son sac, en deux temps trois mouvements. La transaction est automatiquement effectuée à la sortie du magasin via l’application.

tuto app amazon
Le tutoriel de l’application du magasin.

Là où l’absurdité prend de la place est qu’il est impossible pour nous, clients et utilisateurs, de s’entraider (d’aider une personne ne sachant s’abaisser à attraper un article en bas de rayon, par exemple), car sinon l’article est instantanément ajouté à la liste de courses et sera automatiquement payé sur notre compte.

Ce type d’automatisation engendrera, in fine, la disparition des interactions humaines.

« Les machines sont ce que nous encodons de nous-mêmes alors pourquoi ne pas encoder le meilleur de nous-même ? »

3.3 « Les données humaines doivent être utilisées avec finesse et délicatesse. »

Les données humaines issues des expériences humaines doivent être, évidemment, traitées avec grand respect, car elles représentent l’essence qui nourrit le moteur des données digitales.

Ces informations, si manipulées avec agilité, peuvent être transcendées d’un média à l’autre, en l’occurrence de l’analogique vers le digital.

Digitalisation - transition digitale
La digitalisation de nos expériences humaines.

la pertinence est une forme de respect, car il s’agit d’une manière de se connecter avec son public, en éprouvant un certain intérêt envers ses goûts, ses passions. Les cookies sont une représentation commerciale de ce qu’est la pertinence des données humaines. Le respect, c’est également la discrétion avec laquelle ces données sont utilisées.

En conclusion, afin d’adapter ce que nous créons à cette société en plein processus d’automatisation tout en gardant l’humain au centre de notre dessein, il nous faut répondre au désir humain de créer des expériences sensées et compréhensibles, tout en prenant en considération l’intégration et les conséquences qu’elle engendre à chaque échelle, soient-elles éthiques ou budgétaires.